Une mère de 98 ans et sa fille de 80 ans se rencontrent pour la première fois.

La Torontoise Gerda Cole a finalement rencontré sa fille qu’elle avait dû confier en adoption pendant la Seconde Guerre mondiale.
PHOTO : RADIO-CANADA / MARK BOCHSLER

Stella Dupuy

le 8 mai 2022

Une Torontoise a reçu le plus beau des cadeaux pour son 98e anniversaire et pour la fin de semaine de la fête des Mères. Samedi, elle a finalement rencontré sa fille de 80 ans, qu’elle avait confiée en adoption sur un autre continent.

Les sourires étaient au rendez-vous au centre de soins de longue durée Revera Kennedy Lodge de Scarborough, car une de ses résidentes, Gerda Cole, a retrouvé sa fille, Sonya Grist, après de très nombreuses années d’attente.

Les deux femmes se sont longuement serrées dans leurs bras et ont tout de suite partagé des moments de complicité. Une atmosphère festive régnait à la résidence, où une célébration avait été organisée.

« Je suis encore en vie. Et je suis avec ma fille. C’est un miracle. »— Une citation de  Gerda Cole, 98 ans, qui vient de retrouver sa fille

Originaire de Vienne, en Autriche, Gerda Cole s’est réfugiée en Angleterre à l’âge de 15 ans pour fuir les horreurs de la Seconde Guerre mondiale et la persécution de son peuple.

Par la suite, à l’âge de 18 ans, elle a accouché d’une fille qu’elle a dû confier en adoption à cause du manque de ressources. Après la guerre, elle a émigré au Canada. Malgré une vie bien remplie, elle n’avait qu’un désir : revoir sa fille. Et, sans qu’elle le sache, ce désir était partagé par son enfant, toujours en Angleterre.

Stella Dupuy

Une Torontoise de 98 ans, Gerda Cole, a finalement rencontré sa fille de 80 ans qu’elle avait confiée en adoption sur un autre continent. Un moment très touchant.

Retrouvailles attendues

L’an dernier, Sonya Grist a eu la surprise de sa vie quand elle a appris que sa mère était encore vivante. Elle n’a donc pas hésité à faire le voyage au Canada pour enfin la rencontrer.

« Je n’ai pas assez de temps pour poser toutes les questions que j’ai en tête. »— Une citation de  Sonya Grist, qui vient de retrouver sa mère

C’est dans un cours de biologie que Mme Grist a pensé pour la première fois qu’elle avait pu être adoptée, car elle a les yeux bruns, mais ses parents adoptifs avaient les yeux bleus, une situation que son enseignant qualifiait d’impossible à l’époque.

J’ai demandé à mes parents et c’est à ce moment-là qu’ils m’ont dit que j’avais été adoptée. J’avais 14 ans, explique-t-elle.

Des décennies plus tard, c’est son fils Stephen, qui voulait retrouver sa grand-mère biologique, qui a finalement retrouvé Mme Cole. Stephen a d’ailleurs accompagné sa mère pendant son séjour au Canada.

Avec la pandémie, j’avais beaucoup de temps et je cherchais à obtenir un passeport autrichien, car je savais qu’on avait des origines dans ce pays. J’ai donc commencé à consulter des sites généalogiques. Finalement, j’ai trouvé quelqu’un qui s’avérait être un ancien beau-fils de ma grand-mère. Je lui ai demandé s’il pouvait me fournir un acte de décès pour que je puisse poursuivre mes démarches. Il m’a dit :  »C’est impossible, car ta grand-mère est toujours en vie à l’âge de 97 ans », a expliqué Stephen Grist.

« Le fait que [la mère de ma mère] était encore en vie et qu’elle allait avoir l’occasion de la rencontrer a été une nouvelle vraiment réjouissante. »— Une citation de  Stephen Grist, qui vient de rencontrer sa grand-mère

Il est par la suite entré en contact avec sa grand-mère, qui a accepté avec joie de les rencontrer.

Gerda Cole (au centre) a rencontré sa fille Sonya Grist (à droite) et son petit-fils Stephen Grist. PHOTO : RADIO-CANADA / STELLA DUPUY

Déjà des points en commun

Au cours des prochains jours, la famille compte passer du temps ensemble pour apprendre à se connaître. Une chose est sûre : Gerda Cole ne manquera pas d’histoires à leur raconter.

Après son arrivée au Canada, elle a obtenu trois diplômes universitaires, dont un baccalauréat spécialisé en études juives à l’Université de Toronto. Elle a aussi voyagé dans plusieurs pays, y compris pour mener des fouilles archéologiques en Israël et à Chypre.

Elle se rappelle aussi de souvenirs moins joyeux. Je me souviens quand j’ai dû signer des papiers à la cour quand j’ai laissé ma fille. Je criais. On n’arrivait pas à me calmer, a raconté la mère, qui a expliqué avoir suivi les recommandations d’un comité chargé d’accompagner les réfugiés. À l’époque, elle n’avait pas vraiment d’éducation et la guerre a compliqué les choses, selon elle.

Maintenant, elle compte profiter de chaque instant avec sa fille, qui remarque déjà des points en commun avec sa mère.

Nous aimons toujours étudier et nous aimons parler différentes langues. Il y a beaucoup de liens, fait-elle remarquer.

Nous avons sans aucun doute beaucoup de choses à nous raconter, renchérit sa mère.

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