Une Américaine adoptée retrouve la trace de sa famille biologique en Gaspésie

Sylvie Marrese, fille adoptive d’un couple américain, a retrouvé la trace de sa famille biologique dans la Baie-des-Chaleurs grâce à des tests ADN et à la force des réseaux sociaux.

De plus en plus de gens cherchent à retracer leur histoire.

Sylvie Marrese fait partie des 300 000 enfants qui ont été confiés à l’adoption entre1920 et 1970 au Québec (archives).

PHOTO : RADIO-CANADA

I

Perrine Bullant

le 13 décembre 2021

Il y a encore quelques mois, Sylvie Marrese, ignorait tout de ses origines. Jusqu’à ce qu’elle reçoive en cadeau un coffret de test ADN de la part de sa grande sœur et décide de se lancer dans la quête de ses origines, au début de l’année.

Par le biais du site américain Ancestry, elle reçoit une liste détaillée des personnes dont l’ADN concorde avec le sien. Elles venaient de Pasbébiac ou de Carleton, se souvient Sylvie Marrese.

« Quand j’ai appris que j’avais de la famille dans ce coin-là, ce n’est plus l’avion que je voulais prendre, j’étais prête à me rendre à la frontière en courant! »

— Une citation de  Sylvie Marrese

Ce qui est intéressant dans le profil ADN d’Ancestry, c’est les correspondances d’ADN, commente Caroline Fortin, présidente et coordinatrice du Mouvement retrouvailles. C’est avec ça qu’on est capable de faire des liens avec des gens qui ont une filiation avec nous, c’est de plus en plus populaire et c’est très fiable, note-t-elle.

C’était incroyable et, en même temps, c’était vraiment difficile de naviguer à travers tout ça, sans connaître ces gens, je ne savais pas à quel côté, de mon père ou de ma mère, ces noms appartenaient, poursuit la quinquagénaire américaine.

Sylvie Marrese enfant.

Sylvie Marrese lorsqu’elle était toute jeune.

PHOTO : GRACIEUSETÉ DE SYLVIE MARRESE

Elle décide d’entrer en contact avec plusieurs de ses cousins sur le site de généalogie. Ensemble, ils sollicitent l’aide de la communauté de la Baie-des-Chaleurs, par l’entremise du groupe Facebook Raconte-moi Paspébiac pour dessiner l’arbre généalogique de sa famille biologique.

C’est là qu’ils parviennent à découvrir l’identité de la mère biologique de Sylvie.

Retrouver sa famille biologique : l’histoire de Sylvie Marrese, un reportage d’Élise Thivierge

Recomposer les pièces de l’histoire

Je croyais que j’étais née dans cette région-là mais, en fait, je suis née à Montréal, raconte Sylvie Marrese.

Aujourd’hui je connais l’histoire. Ma mère était tombée enceinte hors mariage et, au début des années 1960, c’était honteux d’avoir un enfant hors mariage, comprend-elle.

Pour Caroline Fortin, il est important de se souvenir des mœurs de l’époque.

Ce n’était pas possible de garder les enfants, parce qu’il y avait la religion, il y avait la famille et la société contre ces femmes-là, donc ces mères-là n’avaient pas d’autres choix que de s’exiler pour un certain temps et revenaient à leur point de départ… les mains vides. Elles laissaient l’enfant dans une crèche à Montréal ou à Québec, contextualise la présidente du Mouvement retrouvailles.

D’après le Mouvement, 300 000 enfants ont été confiés à l’adoption entre 1920 et 1970 au Québec, ce qui fait qu’au moins une personne sur sept est concernée par l’adoption aujourd’hui.

Soigner l’approche avec sa famille biologique

Ce qui est beau dans tout ça, c’est que ma mère est retournée avec mon père biologique, ils se sont mariés et ont eu un autre enfant, qu’ils ont appelé avec le même nom que moi, Sylvie. On porte toutes les deux le même prénom, raconte Sylvie Marrese.

Jacqueline et Charles Eugène sont les parents biologiques de Sylvie Marrese.

Jacqueline et Charles Eugène, les parents biologiques de Sylvie Marrese, ont fini par avoir une deuxième fille qu’ils ont prénommée… Sylvie.

PHOTO : GRACIEUSETÉ DE SYLVIE MARRESE

L’Américaine a tenté d’entrer en contact avec sa sœur biologique, qui vit en Gaspésie, sans grand succès. Mais elle a conscience qu’il faut s’armer de patience.

Caroline Fortin, qui accompagne des personnes concernées par l’adoption, recommande souvent de faire appel à un organisme pour faciliter l’entrée en contact avec leur famille biologique.

Elle rappelle que c’est un choc lorsque l’on reçoit une information comme celle-là, surtout si l’on n’a jamais été au courant. Il faut lui laisser le temps de digérer la nouvelle et de faire ses propres vérifications auprès d’autres personnes de la famille, souvent c’est là que le secret sort, témoigne Caroline Fortin.

En effet, Jacqueline, la mère des deux Sylvie, avait déjà dévoilé son secret, révélant un jour à l’épouse de son frère Gérald qu’elle avait, quelque part, une fille de son âge.

Son frère raconte qu’à la fin de sa vie, luttant contre un cancer du sein, la Gaspésienne avait entamé des démarches pour retrouver la trace de sa première fille.

La pandémie exacerbe l’envie de se retrouver.

Sylvie Marrese constate l’engouement croissant pour la généalogie. Sur les réseaux, je suis des groupes où les gens postent des photos de leur famille réunie. La pandémie a sans doute poussé les gens à se reconnecter avec leur famille, présume-t-elle.

L’Américaine ne regrette pas une seconde d’avoir entrepris cette démarche. De savoir que tu as un lien avec une famille que tu ne connais pas, c’est incroyable, se réjouit-elle, j’aurais dû essayer plus fort quand j’étais plus jeune mais les choses arrivent à point nommé dans la vie. Peut-être qu’avant, je n’aurais pas su gérer tout ça.

Des retrouvailles sont planifiées cet été en Gaspésie à l’occasion d’une grande réunion de famille.

Perrine Bullant

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