J’ai réussi à me pardonner d’avoir voulu accoucher sous X

Une façon aussi pour moi de dire que la bienveillance et l’absence de jugement sont des valeurs clés dans les drames qui bousculent nos existences ou celles de nos proches. Par Marie K.Bloggerin

J'ai réussi à me pardonner d'avoir voulu accoucher sous X.

[…] Je souhaite partager ce texte, très personnel. Il s’agit juste de mon témoignage face à une réalité glaçante qui m’a fait perdre tous mes repères, à un instant T, l’instant où les choix qu’il convient de faire impacteront définitivement nos vies. Une façon aussi pour moi de dire que la bienveillance et l’absence de jugement sont des valeurs clés dans les drames qui bousculent nos existences ou celles de nos proches.

Ma grossesse touchait à sa fin. Je venais de rentrer en France, un choix qui s’était imposé face à une rupture violente que je ne me sentais pas à même de gérer seule. J’étais dans une position psychologiquement très fragile. Si j’avais pu disparaître de la surface de la terre, j’aurais signé sans hésiter.

L’enfant que je portais me faisait peur.

Le jour me terrifiait et la nuit ne m’apportait pas le repos dont j’avais besoin pour faire face à tout ce qui me dépassait. Les insomnies me précipitaient dans un gouffre au fond duquel mes prières ne réclamaient qu’une chose, que l’enfant ne vive pas – aucune mère ne devrait faire une prière comme celle-là.

J’ai pleuré jusqu’à ce que je n’aie plus de larmes. La préparation de sa chambre de nouveau-né a été un supplice. Faire les magasins de bébé me demandait un effort considérable. Je craignais de ne pas aimer mon enfant. Je m’effondrais à chaque évocation de son existence prochaine.

Chaque jour me rapprochait de la date fatidique de sa venue au monde. Il fallait tenir pour lui, c’est ce qu’on me répétait à longueur de journée. Il n’avait pas choisi. Je ne me sentais pas capable, pas à la hauteur de la vie que je portais. Je me levais chaque jour, avec l’envie d’en finir, d’arrêter le cours du temps. Je me faisais peur. Tout me faisait peur.

Je considérais que je n’avais pas le droit d’imposer mon malaise, mon mal être, ma dépression à cet enfant que j’avais tant désiré, qui n’y était pour rien dans cet immense gâchis.

Alors j’ai pensé à accoucher sous X, j’ai cherché des informations, j’en ai parlé aux sages-femmes qui me suivaient.

Je voulais que mon enfant puisse grandir au sein d’un foyer uni, qui lui offrirait la chance d’une vie meilleure que celle que j’avais à lui proposer.

Certains événements dans la vie nous mettent face à certaines réalités, à des prises de décision qui nous paraissaient jusqu’alors criminelles. Le temps de quelques battements de cœur, ce choix m’a libéré d’un poids qui se faisait imposant, plus dense, à mesure que l’enfant prenait ses aises dans mon ventre.

Je pensais, naïvement peut-être, que mes proches accepteraient. Leur désapprobation a été sans appel. Leurs mots m’ont fait extrêmement mal, ils m’ont profondément blessée alors même que ma plaie suintait de toutes parts. J’avais déjà tout perdu, je ne pouvais pas me permettre de perdre leur soutien. J’ai donc mis au monde mon enfant, incertaine. Quand la sage-femme l’a déposé sur ma poitrine, j’ai réalisé que je n’aurais pas pu le laisser partir. Mon fils m’avait donné tous les courages. C’est ensemble que nous étions fort.

Il m’a fallu beaucoup de temps pour me pardonner ces pensées, ces mois d’angoisses, cette peur viscérale d’avoir fait un choix par défaut. Même si certains jours je me sens fragile devant la tâche à accomplir, j’ai conscience que sa naissance a bouleversé ma vie et que sa présence est une chance!

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