Témoignage: j’ai fait un test ADN et ça a changé ma vie

Par Chloé ThibaudMis à jour le 26/05/2020

tests ADN

Josée a retrouvé sa mère, Mathieu a découvert que son fils n’était pas de lui. Pour Magicmaman, nos deux témoins racontent comment leur destin a basculé le jour où ils ont reçu le résultat d’un test ADN commandé sur internet.

FamilyTreeDNA, Ancestry, MyHeritage… Depuis plusieurs années, les sites internet proposant de partir à la recherche de nos origines en quelques clics se sont multipliés. Si pour la plupart des gens il s’agit là d’assouvir une petite curiosité, de se découvrir 20 % de racines italiennes ou un peu de sang russe, pour d’autres, l’enjeu est bien plus grand. En effet, les tests ADN en ligne permettent par exemple aux enfants adoptés de retrouver leurs parents biologiques. C’est ce qui est arrivé à Josée, 58 ans, qui vit à Montréal, au Canada. 

“Je ressemble enfin à quelqu’un” : le témoignage de Josée, 58 ans

Avant de commencer notre interview, lorsqu’on lui demande si elle souhaite que son témoignage soit anonyme, Josée répond : “Pas besoin ! Anonyme, je l’ai déjà été trop longtemps !”. Adoptée à la naissance, cette éducatrice en garderie tombe malade il y a trois ans et craint de ne jamais s’en remettre. Je me suis dit que je ne pouvais pas mourir sans avoir connu mes originesconfie-t-elle, donc à l’automne 2018, j’ai acheté un test. J’ai reçu les résultats en décembre et je n’y comprenais rien alors je me suis inscrite sur des groupes Facebook et j’ai finalement trouvé une personne qui a l’habitude de ce genre de recherches et qui m’a aidée moyennant certains frais. Elle a vite trouvé ma famille paternelle, et ensuite ma famille maternelle. Quelle joie ! J’ai été envahie par un mélange d’émotions, j’ai tellement pleuré… Toute ma vie j’avais recherché ma mère biologique, et c’était là…” 

En février 2019, Josée retrouve Paulette*, 80 ans, grâce à son profil Facebook. Dans sa liste de contacts, elle aperçoit un ami en commun. Elle l’appelle et lui demande de remettre une lettre en mains propres à sa mère. Une semaine plus tard, le téléphone sonne. Pour la première fois de sa vie, Josée entend la voix de celle qui l’a mise au monde. “Presque instantanément, nous avions des affinités communes. Nous nous sommes appelées toutes les semaines pour apprendre à nous connaître et nous nous sommes rencontrées à la mi-avril 2019.” Face à sa mère, elle se dit : “Je ressemble enfin à quelqu’un, nous avons les mêmes yeux.” Puis, passé le temps des retrouvailles, Josée a besoin de connaître la vérité. Pour Paulette, cette partie-là n’est pas facile. “Elle fait comme un blocage sur cet événement. Mais je sais qu’elle m’a eue à 22 ans et qu’elle est tombée enceinte lors d’une danse d’un samedi soir. Elle y a rencontré un homme, juste pour cette soirée-là. Elle m’a confié en adoption à contrecœur, ça lui a fait beaucoup de peine, mais étant fille-mère elle n’avait pas les moyens de me garder et elle n’osait pas en parler. Six mois après ma naissance, elle a rencontré son mari, ils auraient souhaité venir me chercher par la suite mais elle n’a pas voulu briser une famille, celle qui m’avait adoptée. Jamais je ne lui en ai voulu, je l’ai plutôt remerciée de m’avoir donné la vie !” 

Dorénavant, Josée se sent “en paix” mais ne peut s’empêcher de penser au temps perdu, qui ne sera jamais retrouvé. J’essaie de m’imaginer quelle aurait été ma vie si je n’avais pas été adoptée… J’ai eu des parents adoptifs extraordinaires qui m’ont tellement aimée, choyée, je leur en suis reconnaissante. Ils sont aujourd’hui décédés et la chose que je regrette le plus, c’est que mes deux mères ne se soient pas rencontrées. Elles se seraient tellement bien entendues, elles sont sensiblement pareilles.” L’identité de son père biologique, en revanche, Josée ne l’a pas (encore) découverte.

Si les tests ADN font parfois des merveilles – “Ancestry, c’est miraculeux !”, conclut Josée – ils peuvent aussi faire beaucoup de mal et défaire des liens, comme nous l’a raconté Mathieu*. 

“Ça ne change rien pour moi : mon fils reste mon fils” : le témoignage de Mathieu, 39 ans 

Âgé de 39 ans, Mathieu est le père de Raphaël*, un petit garçon de 8 ans né de sa précédente union. Il y a trois ans, séparé de la mère de son fils, il rencontre Sonia* et le couple décide d’avoir un enfant. “Après plusieurs mois à essayer sans que Sonia tombe enceinte, nous avons tous les deux passé des examens. Je ne m’y attendais pas du tout, le médecin m’a dit que la qualité de mon sperme était très mauvaise et que je souffrais de problèmes d’infertilité. Quand je lui ai expliqué que j’étais déjà le papa d’un petit garçon, sa réaction m’a frappé. Il n’a rien dit mais j’ai vu sur son visage qu’il n’y croyait pas trop.” 

Mathieu décide alors d’en parler avec son ex mais celle-ci nie tout en bloc. “Elle m’a demandé comment j’osais imaginer un truc pareil, m’a dit que c’était honteux de douter de ça… J’ai culpabilisé, évidemment, vis-à-vis de mon fils. Mais avec ma nouvelle chérie, on voulait vraiment avancer, être fixés, donc j’ai commandé un test de paternité sur internet pour connaître la vérité.” Lors d’un weekend où Raphaël est chez lui, Mathieu s’arrange pour récupérer quelques mèches de ses cheveux et lui couper les ongles. Il les ajoute aux siens et place le tout dans une enveloppe stérile qu’il envoie dès le lundi. “L’attente a été vraiment difficile mais on a eu le résultat en quinze jours.” Ce résultat, terrible, il l’a reçu par mail. “Ce n’est pas facile d’apprendre quelque chose comme ça via un courrier électronique, seul, devant son ordinateur. Je me suis effondré, je n’en revenais pas. Non seulement je me rendais compte que je n’étais pas le père biologique de mon fils, mais en plus je réalisais que j’étais stérile et que je n’arriverais sûrement pas à faire un enfant à ma nouvelle compagne.” 

En révélant à la mère de Raphaël qu’il a fait un test, elle finit par lui avouer qu’elle-même ne savait pas s’il était le père ou non et qu’elle l’avait effectivement trompé quelques jours avant la date officielle de conception. “Je n’arrive pas à lui pardonner mais même si c’est peut-être dur à concevoir, ça ne change rien pour moi : mon fils reste mon fils, et je l’aime comme si j’étais son père biologique.” Ni Mathieu ni son ex-conjointe n’ont encore dit la vérité à leur enfant. “Il faudra bien qu’il le sache un jour, explique le papa, mais pour l’instant, je n’en ai pas le courage… En tout cas, je veux vraiment qu’il l’apprenne de la bouche de ses parents, et pas par un test ADN, comme moi, dans une vingtaine d’années…”

* Ces prénoms ont été modifiés pour respecter l’anonymat de notre témoin.

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