
Nicole savait depuis l’âge de six ans qu’elle avait été adoptée. À l’adolescence, elle ressent pour la première fois le besoin de connaître ses origines. Un désir que sa mère adoptive accepte mal. Soucieuse de ne pas blesser ses parents adoptifs, elle taira son envie. Elle relate cependant avoir vécu une enfance heureuse et paisible. «J’étais traitée comme une princesse», assure-t-elle.
Puis, arrive le jour où elle tombe enceinte. Le désir de connaître son histoire s’éveille à nouveau. Ses premières tentatives pour remonter vers ses origines s’avèrent toutefois infructueuses. Elle l’apprendra éventuellement, sa mère biologique est trop rongée par la culpabilité pour avoir entrepris des démarches similaires de son côté.
C’est un peu le hasard qui dénouera l’impasse, au bout de 30 ans. Nicole gagne en effet un test d’ADN sur le site My Heritage, voué à retracer les histoires familiales. Elle donne un échantillon de salive. Les résultats de son test sont placés dans une base de données et lui apprennent qu’elle a une cousine au deuxième degré dans le Massachusetts, aux États-Unis.
Elle mettra quatre mois à effeuiller l’arbre généalogique de cette dernière pour tenter de trouver le fil qui lui permettra peut-être de remonter à sa genèse. «Son grand-père était le frère de ma grand-mère paternelle. Et son fils, Jacques Bellemare, avait marié une Madeleine Masson», explique Nicole. Masson s’avère être le nom qu’elle portait à la crèche…
Elle apprend aussi que le Jacques en question a un fils du nom de Luc. C’est par le biais de Facebook qu’elle retrace ce dernier. Celui qui se révélera être son frère lui apprend que leur père est encore vivant. Nous sommes en septembre 2018. Le reste ira très vite. Nicole est à la retraite et habite en Ontario. Jacques est à Trois-Rivières, mais l’invite à venir à sa rencontre.
Les retrouvailles sont émotives. Réunie, la famille a beaucoup de temps à rattraper. Nicole apprendra que le couple Bellemare-Masson est demeuré uni et qu’il a tenté de la revoir. Or, elle avait déjà été adoptée. Sa mère biologique portera sa peine toute sa vie et l’emportera avec elle. Elle décède en 2004, sans avoir revu sa fille.
Nicole apprend à connaître son père, son frère et tout un clan qui l’accueille avec amour. «C’est comme si on s’était toujours connu», raconte Nicole. Si bien, qu’au 90e anniversaire de Jacques, elle et son mari décident de se rapprocher de la nouvelle famille. Ils quitteront l’Ontario pour venir se poser à Trois-Rivières. Et ce Noël, qu’ils célébreront pour la première fois ensemble cette année, ils l’attendaient depuis longtemps.