J’ai été adopté et je le vis très mal

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 J’ai été adopté, et je le vis très mal. 

23 juin 2017 publié par Anonyme

Bonsoir,

Je veux juste vider mon sac exprimer mon mal-être…j’arrive à un moment de ma vie ou il faut faire le point….je suis mal en moi, rien ne paraît en couleur…j’aimerais me confier à quelqu’un. Juste parler, m’exprimer… je vis très mal mon adoption, j’ai des parents adoptifs très bien, peut-être trop possessifs. J’ai passé une enfance heureuse, insouciant, ne manquant de rien…j’ai été adopté vers 2~3ans…je le savais…

Mais étant devenu adolescent, je me sens de plus en plus mal.
Je regrette d’être moi… j’aurais préféré ne pas vivre, ou même mourir.
L’adolescence, normalement c’est l’époque ou l’ont se fait des amis, j’en ai, quelques-uns, mais lors qu’ils veulent m’inviter à passer une soirée chez eux, je me sens dans l’obligation de refuser, pourquoi ?

Mes parents adoptifs et moi ne nous ressemblons pas (ils sont blancs, je suis noir, je les aime pourtant fort) et pour moi parler de mon adoption avec quelqu’un est une honte, je cherche à éviter cela le plus possible. De plus certaines personnes dans mon collège me font constamment des remarques ou des blagues sur ma couleur de peau. Je n’y suis pourtant en rien sur ma couleur de peau, et aux racistes qui lisent ceci, si j’avais eu le choix, j’aurais préféré ne pas vivre.

J’ai été renvoyé de mon ancien collège après mettre emporté (je le regrette) sur une personne critiquant mes origines et mes parents biologiques. Je comprends mon renvoi, la violence peut n’être comprise, mais en aucun cas pardonnée.
Dans mon nouveau collège, les choses vont un peu mieux, les blagues et les insultes racistes sont toujours là, mais moins présentes qu’avant.
Toutes ces remarques qu’on m’a faites sur ma différence m’ont conduit à ne plus sortir de chez-moi au désespoir de mes parents à qui je ne sais pas expliquer mon mal-être.

Je reste donc des journées entières sur mon ordinateur, et si je sors avec mes parents, je me méfie des endroits trop fréquentés, je pourrais y croiser des personnes que je connais. On m’a souvent dit des choses du genre « apprend à te laver « , « retourne dans ton pays » « hey négro le sud c’est vers le bas », cela fait beaucoup rire les personnes qui le dise, mais ils ne peuvent pas se douter à quel point c’est destructeur.

Puis j’ai commencé à aimer  une fille qui était d’ailleurs très gentille, elle était rousse, je la trouvais magnifique. J’avais peut-être enfin trouvé une raison de vivre. Avec le recul, j’en suis sûr, elle m’aimait, je ne sais pas si elle avait compris ce que j’avais vécu, ce que j’endurais. Mais j’étais renfermé sur moi-même, et malgré moi, je n’arrivais pas à me  convaincre que je l’aimais… ça a duré plus d’un an. On s’entendait super bien, mais j’étais très timide.

Puis un garçon de ma classe qui s’était rendu compte de ce qui se passait entre elle et moi a décidé de venir jouer les trouble-fête. Depuis on s’éloigne de plus en plus. De toute évidence, pour moi, être noir n’est pas un avantage. Je comprends le geste de Mickaël Jackson. Comment leur faire comprendre que malgré tout ce qu’ils voient à la T.V, nous ne sommes pas tous pareils ? Que je leur rendrais volontiers service s’ils le voulaient.

Je m’isole donc dans ma chambre, à l’abri des regards et des critiques.
Derrière mon ordinateur, je vis la vie que j’aurais voulu avoir par l’intermédiaire de mon avatar, c’est à dire, ne pas être si différent, pouvoir parler avec des personnes sans craindre ces sortes de blagues déplacées. Au fond, serait-ce trop demander que de vouloir juste vivre normalement, sans que personne ne cherche à vous causer d’ennuis ? De pouvoir juste passer inaperçu aux yeux des autres ? Que malgré ma différence je puisse sortir sans avoir peur de n’importe qui ? Malgré ce que disent les médias, pour moi, ce n’est pas la couleur d’une personne qui définit le délit. Je pense à Martin Luther-King, à Gandhi, assassiner pour avoir voulu l’égalité, avant d’être Français, Allemand, suisse… nous sommes humains. Si eux ont échoué, je n’ai plus confiance en l’humanité, je reste et je resterai sans doute encore longtemps devant mon ordinateur.

Cordialement, j’espère ne pas vous avoir ennuyé, mais il fallait que je me lâche.
(Je n’attends pas forcement de solution, de toute manière ma vie n’en vaut pas la peine pour ce que je suis, juste votre avis)  merci.

 

P.S.  Ce témoignage m’a beaucoup touchée personnellement, je dois le dire, car il contient une bonne partie de mon vécu personnel. Il m’a posé le dilemme à savoir dans quelle catégorie je devais  classifier cet article sur ce blogue, et j’ai opté pour le racisme., plutôt qu’adoption. Nonobstant le titre indiqué par Anonyme, j’en suis venue à la conclusion que son plus grand mal-être est lié à sa différence.

On peut aussi penser que ce mal-être a peut-être particulièrement trouvé son origine du fait qu’il ait été adopté par des personnes de race blanche, et ce témoignage nous fait voir la difficulté pour plusieurs de vivre la différence raciale, et davantage lorsqu’une personne y voit cette différence dès son jeune âge dans son milieu familial. Ce témoignage nous permet  est une belle piste de réflexion…  Manon Bélanger

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