Rappelons que dans notre édition de jeudi, Le Nouvelliste mettait en lumière l’existence d’un questionnaire explicite sur les habitudes sexuelles des postulants pour l’adoption par le biais de la banque mixte dans la région. Les questions portaient sur certaines habitudes sexuelles, mais également sur les habitudes de masturbation, la pénétration, la lubrification vaginale, et la capacité des partenaires d’atteindre l’orgasme par différents moyens, pour ne nommer que ceux-là.
Une femme en processus d’adoption décriait même s’être sentie «mise à nu par l’État» à travers ce questionnaire, alors que le CIUSSS-MCQ indiquait plutôt s’inspirer des pratiques les plus à jour et élaborées par un chercheur de l’UQTR. Selon eux, l’imposition de ce questionnaire dans un contexte plus global d’évaluation de la personnalité des postulants permettait, à travers divers corrélations, de détecter des problématiques et d’investiguer davantage, toujours dans le but d’éviter les abus de toutes sortes sur les enfants qui seront éventuellement placés dans ces familles.
La nouvelle ayant fait grand bruit jeudi, tant sur les réseaux sociaux que dans tous les médias ayant repris la nouvelle à travers la province, et jusqu’à l’Assemblée nationale, le CIUSSS a choisi de retirer le questionnaire du processus de sélection des postulants. «Le questionnaire ne sera plus utilisé jusqu’à nouvel ordre. Ça a fait l’objet d’un requestionnement de notre part et nous avons constaté qu’il suscitait un inconfort dans la population. Bien que nous demeurons convaincus qu’il servait la cause des jeunes qui bénéficient de nos services, il ne sera plus utilisé jusqu’à nouvel ordre», a expliqué Guillaume Cliche, porte-parole pour le CIUSSS Mauricie et Centre-du-Québec.
Ce formulaire, qui était déployé uniquement sur le territoire du CIUSSS Mauricie et Centre-du-Québec, a fait sursauter jeudi matin le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, qui a dit ne pas adhérer à ce genre de pratiques. Par la voix de son attachée de presse, Camille Lambert-Chan, il a tenu à réagir jeudi.
«Nous sommes très surpris de la nature des questions demandées aux couples qui souhaitent adopter un enfant par le biais des DPJ. Ce questionnaire fait partie d’un processus global d’accréditation des familles qui souhaitent adopter. Cela dit, nous n’adhérons aucunement à cette façon de faire. Nous avons demandé des explications sur le questionnaire et nous attendons un retour», note le ministre, qui ajoute que la Commission Laurent, commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, pourrait être saisie de cette question. «La Commission Laurent aura certainement l’occasion d’aborder cet enjeu dans le cadre de ses travaux», ajoute-t-il.
Quelques heures après cette déclaration, le CIUSSS revenait sur sa décision. Par contre, les résultats des postulants ayant déjà passé le test seront conservés. «La cessation du test est valide jusqu’à nouvel ordre en date d’aujourd’hui. Les résultats des questionnaires complétés sont toujours valides et seront conservés de manière confidentielle, bien évidemment», a ajouté Guillaume Cliche.
FFARIQ
La présidente de la Fédération des familles d’accueil et des ressources intermédiaires du Québec, Geneviève Rioux, a chaudement applaudi cette décision. Son organisation s’opposait depuis le mois de mai à l’imposition de ce questionnaire aux postulants par le CIUSSS.
«C’est une excellente nouvelle pour l’ensemble des familles et des postulants. L’établissement (CIUSSS-MCQ) était au courant depuis le mois de mai que la fédération s’opposait à ce test», relate Mme Rioux.
Plus tôt dans la journée jeudi, la présidente de la FFARIQ estimait que le CIUSSS-MCQ ne disait pas la vérité lorsqu’il avançait que sur 60 postulants ayant été rencontrés depuis six mois, seulement deux ou trois avaient exprimé des malaises. «Les gens nous contactent en lien avec ce questionnaire. Personne n’est à l’aise. Nous, ce qu’on leur recommande, c’est de ne pas le remplir. Par contre, ils vont de l’avant quand même parce que les conséquences seraient trop grandes. Dans l’hésitation de ne pas pouvoir aller de l’avant avec le processus d’adoption, les gens se taisent», dénonce-t-elle.
En apprenant le retrait du questionnaire, jeudi après-midi, Mme Rioux a poussé un soupir de soulagement. «Nous travaillons pour le bien des enfants. Nous n’avons absolument rien contre les évaluations, même qu’elles sont nécessaires, mais elles doivent aussi se faire dans le respect des postulants», signale-t-elle.
Questionnaire peut adéquat à revoir! Je n’en reviens pas!!!!
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Assez inusité et incroyable, qu’un tel questionnaire ait été utilisé et de surcroît que des gens ont pu être évalués à l’aide de ce dernier, pour déterminer s’ils allaient être des parents adéquats pour adopter un enfant. Incroyable mais vrai. Et dire que ce sont soi-disant des professionnels…
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