Des personnes adoptées ignorent toujours l’identité de leurs parents
Dimanche 19 mai 2019 à 7 h 27 par Fanny Samson, Radio-Canada-Ici Québec
Près d’un an après l’entrée en vigueur de la loi permettant de révéler l’identité des parents biologiques aux enfants adoptés, seulement 22 % des demandes ont été traitées par le gouvernement québécois. Des milliers de personnes sont toujours en attente de connaître leurs origines.
Depuis le 16 juin 2018, les personnes adoptées au Québec peuvent faire une demande auprès de l’équipe centralisée Info-adoption pour obtenir de l’information sur leurs parents d’origine.
Selon des données obtenues auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux, 33 243 demandes ont été reçues en date du 31 mars dernier. De ce nombre, 7465 dossiers ont été traités et complétés.
La présidente du Mouvement Retrouvailles, Caroline Fortin, déplore la lenteur du gouvernement. Celle qui a milité pendant plus de 20 ans pour ce changement au Code civil croit que la structure mise en place par le gouvernement aurait pu être mieux pensée.
« On aimerait que les procédures soient changées, que les délais soient diminués, et qu’on réajuste les pendules pour faire un système qui a du sens », lance-t-elle.
Le Ministère a encore 14 410 demandes en attente et 11 368 autres en traitement. L’équipe centralisée reçoit un volume important d’appels. Durant la première semaine d’opération, 14 000 appels ont d’ailleurs été reçus.
Statut des demandes envoyées au Québec
Total des demandes : 33 243
« Certaines demandes nécessitent des recherches plus longues selon la complexité de la situation », soutient le Ministère.
De nombreuses personnes sont donc toujours dans l’attente de connaître l’identité de leurs parents biologiques. « Ils ont reçu un accusé de réception et ils n’ont rien d’autre encore », dénonce Caroline Fortin, qui côtoie quotidienne des personnes adoptées.
Un meilleur système
Selon Mme Fortin, l’équipe centralisée Info-adoption traite des demandes qui auraient dû être confiées aux centres jeunesse.
« Pour une personne qui ne sait pas si son parent biologique est décédé, ce n’est pas le mandat de la centrale de faire la vérification de décès, ça appartient aux centres jeunesse », croit-elle.
Elle est d’avis que l’équipe centralisée doit limiter son mandat. « Leur mandat, c’est de donner l’identité [des parents biologiques] et on passe à autre chose », ajoute-t-elle.
La présidente du Mouvement Retrouvailles a aidé de nombreuses personnes qui ont attendu des mois avant d’obtenir un nom. D’autres attendent encore et certaines sont âgées.
Seulement un nom
Huguette Hébert, âgée de 80 ans, vient tout juste de connaître le nom de sa mère. Après 11 mois d’attente, elle sait aujourd’hui que sa mère s’appelle Madeleine Savard et qu’elle est morte à l’âge de 86 ans.
Toutefois, elle ne détient aucune autre information. « L’identité, c’est à qui je peux m’identifier. Madeleine Savard, pour moi, c’est un renseignement nominatif […] Ils me donnent un nom, mais moi ça ne me dit rien. »
Ce n’est pas comme ça que je voyais mon identité.
Caroline Fortin croit d’ailleurs que lorsqu’un parent est décédé, le gouvernement devrait fournir le dossier d’adoption à la personne adoptée, pas seulement le nom.
« Ils n’ont pas de précision sur la date de naissance, sur la date de décès, si la personne était mariée, si elle a eu d’autres enfants, sa région », énumère-t-elle.
Pour retrouver la famille d’un parent biologique, la personne adoptée doit donc faire des recherches.
« Les gens vont le trouver de toute façon, donc ça serait plus simple de leur donner, d’éviter des erreurs et d’éviter tout ce tracas. »
« Il y a beaucoup de personnes qui veulent aller se recueillir sur la tombe de leur mère, mais ils ne savent même pas où elle est enterrée ».
Caroline Fortin, présidente du Mouvement Retrouvailles
Un parent toujours vivant
Lorsque la demande de divulgation concerne un parent d’origine vivant, le dossier est mis en suspens jusqu’au 16 juin 2019, « puisque la loi le nous autorise pas à divulguer ces informations avant cette date », précise le Ministère.
Nicolas Boivin, âgé de 46 ans, dispose de très peu d’informations sur ses parents biologiques.
Il a donc envoyé une demande à l’équipe centralisée Info-adoption dès son entrée en vigueur. « Je demande tout pour espérer au moins avoir une réponse là-dedans », souligne celui qui ignore si sa mère est toujours vivante.
« Si ma mère biologique est vivante et elle veut que je la rencontre, ça sera ça », ajoute le père de famille de Québec.
S’il n’entretient pas de frustration face au système, il comprend ceux qui se battent depuis des années pour découvrir l’identité de leurs parents. « Quand tu te butes à des murs ou à des portes, tu ne peux pas faire comme si de rien n’était. »
La présidente du Mouvement Retrouvailles, Caroline Fortin, doit rencontrer un conseiller politique du ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, le 24 mai prochain. Elle espère être entendue.
« Pour l’instant, nous sommes bien sûr en mode écoute et nous voulons en savoir plus sur leurs préoccupations », écrit par courriel le bureau du ministre.
C’est terrible la lenteur du gouvernement. Je n’en reviens pas.
MAIS ON NE DEVRAIS JAMAIS ÊTRE SUPRIS!!!
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Oui, on ne doit pas en être étonné. Le gouvernement a laissé pour compte les adoptés et leurs familles biologiques avec cette loi qui devait lever le secret afin de permettre de réparer les vols d’identité qu’ont eut à vivre les adoptés, sans compter la honte et la maltraitance de ces mères qu’on obligeaient à confier leurs enfants à l’adoption. etc, etc
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Moi je trouve que c’est ridicule l’attente depuis juillet 2018que j’attends je sais en plus que ma mere est décédée en 1965 et j’ai appeler à trois reprises et mon dossier n’est pas encore dans les mains de personnes très très déçue de la lenteur merci à Caroline de parler en notre faveur c’est vraiment apprécié
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