Les racines soutiennent le monde
Publié le 09/10/2013 par Corsaire Malouin
Avant toute chose, une précision : nous ne rejetons en rien, ici, les métis issus d’une véritable union amoureuse sincère. Il faut protéger l’amour. Ces véritables fruits d’une union aimante, qui ne sont pas issus d’un des nombreux mariages d’intérêt ou d’une des violences de la vie, existent bel et bien, même si l’amour ne suffit cependant pas toujours à abroger toutes les difficultés. Nous n’ignorons jamais non plus, évidemment, ceux pour qui tout va bien… Entendons-nous bien. Mais dans une grande partie des cas, semble-t-il, le métissage est plus ou moins douloureux pour l’enfant, comme on va le voir, et à une autre échelle, délétère pour les identités des peuples.
Ces exceptions sont sans rapport cependant avec la volonté impérieuse de puissants qui prônent jour après jour le métissage généralisé comme si celui-ci devait à tout prix représenter l’avenir de l’humanité, projet soutenu à un point tel que le métis peut apparaître comme l’aryen du XXIème siècle (selon certains), armé d’une supérieure richesse multiculturelle d’avenir et mis en opposition avec les races et les nations, en opposition avec les vieilles confrontations barbares et les anciennes idéologies, quitte à faire table rase de tout ce qui existe encore aujourd’hui.
« Quel est l’objectif ? Ça va faire parler. Mais l’objectif, c’est de relever le défi du métissage. Défi du métissage que nous adresse le 21ème siècle. Ce n’est pas un choix, c’est une obligation, c’est un impératif. On ne peut pas faire autrement (…) Si ce volontarisme républicain ne fonctionnait pas, il faudra que la république passe à des méthodes plus contraignantes encore« , nous rappelle ainsi Nicolas Sarkozy en 2008…
Qu’on le veuille ou non, le métissage réel reste une faible minorité, en France comme aux États-Unis (4% au mieux dans les agglomérations, malgré la forte présence de minorités, encore moins ailleurs), et il y a de la logique à cela tant les distances sont grandes entre les cultures et/ou les ethnies et tant la logique de la reproduction rapproche de son prochain ressemblant (l’Homme étant un grégaire sélectif), pour la survie du groupe et la compatibilité culturelle, génétique, immunitaire, etc.
Et qu’on le veuille ou non, qu’importe le nombre d’arcs-en-ciel que dessinent sous vos yeux les bisounours et les ultra-positivistes de notre époque, le métissage, pour beaucoup, est douloureux, parfois très douloureux. Et c’est une douleur qui dure souvent toute la vie, puisque émergent d’aspects constitutifs de la personne, intrinsèques. Pour les autres, qui le vivent bien (en excluant ceux qui affirment le vivre bien ou en être fier uniquement par protection ou pour combler un vide), c’est tant mieux. Mais ce qui semble pourtant ressortir au vu des témoignages, c’est que la difficulté, oscillant entre modérée et intense selon les personnes, les périodes ou les contextes, semble devoir rester fort répandue.
Note : nonobstant le fait qu’en théorie, selon la définition officielle, « métissage » signifie entre autres « mélange entre races », nous pourrons parler ici d’un concept de métissage en tant que « mélange donnant naissance » au sein aussi bien de groupes ethniques que de cultures et de religions.
De longues séparations entre les peuples
Les peuples du monde, les groupes ethniques et les cultures inhérentes, ont évolué chacun de leur côté durant des millénaires, nourries d’échanges limités entre les groupes, au point que l’on en arrive à ce que l’on connait aujourd’hui : des civilisations, des ethnies, des couleurs, des cultures, des traditions, différenciées depuis des temps très anciens au point qu’elles n’ont plus en commun que l’humanité. Il s’agit d’un phénomène évolutif normal, et si nous avions attendu un bon nombre de millénaires supplémentaires sans nous rencontrer plus que ça, nous aurions potentiellement évolué au point d’atteindre la scission reproductive, c’est à dire d’entrer dans l’incapacité de se reproduire entre groupes séparés à cause de trop fortes différenciations génétiques : une séparation entre espèces comme il s’en est observé à l’infinie dans le règne du vivant au fil des millions d’années. Bref, nous n’avons certes pas atteint ce point, des dizaines de millénaires supplémentaires auraient été nécessaires. Mais ce processus, naturel et spontané, a tout de même eu cour durant des millénaires (les Européens sont séparés des Africains depuis 70.000 à 110.000 ans et se sont même différenciés au contact de Neandertal), et les cultures, nées à posteriori de cette séparation, sont assez fondamentalement différenciées entre les continents, et à plus petite échelle entre régions/pays, etc.
Plus facile d’être métis lorsque les différences sont faibles…
Le métissage est tellement prôné que l’on rencontre parfois des gens qui aujourd’hui déclarent, avec toute cette fierté étincelante au fond des yeux : « Moi aussi je suis métis, je suis né d’un père Breton et d’une mère Alsacienne ! », ou équivalent. Il est pourtant beaucoup plus facile d’être « métissé » au sein d’une même ethnie, d’un même pays, d’une même langue, d’une même religion, avec seulement quelques coutumes et parcelles culturelles régionales différentes… De même entre pays européens, par exemple, tout comme l’immigration européenne se fond et s’assimile dès la deuxième génération, bien que la 1ère génération ait pu subir quelques difficultés tout de même. C’est lorsque le métissage concerne des groupes ethnoculturels plus différenciés, dont les fondements mêmes sont différents, que les difficultés commencent apportant avec elles leur lot de douleurs et d’angoisses.
Le métis issus de cultures et/ou d’ethnies très différentes souffre – souvent – d’un mal beaucoup plus douloureux : être étiré entre plusieurs pôles magnétiques. Ceux-ci se résignent souvent, finalement, à devoir choisir un camp, se libérant d’une partie de leur identité et ne mettant en avant que le reste de celle-ci, même s’ils ne l’ont parfois hérité que très partiellement selon les aléas. Au-delà de ça, les métis sont parfois rejetés de tous côtés : différents, ils ne semblent pas être « d’ici », ni de « là-bas » non plus, trop-ceci et pas assez cela. Si l’humanité ne s’était pas à ce point séparée au fil du temps, il ne serait pas si difficile d’être un métis. Et comme si cela ne suffisait pas, il existe aussi de nombreux problèmes inhérents à la famille et à l’entourage direct.
Tourmente identitaire
Les métis sont généralement à la course pour la découverte de leurs origines : comme chacun, ils ont besoin de savoir qui ils sont, donc ce qui les constitue, ce dont ils ont hérité, à quel monde ils appartiennent et ce qu’ils devront transmettre. Malheureusement cette course à la découverte de soi est généralement vouée en partie à l’échec. La complexité des situations historiques et familiales engendre les plus grandes difficultés soit à découvrir toutes les facettes de son héritage, soit à en concilier les différents aspects (comme entre allemands et français à une certaine époque, entre français et algériens à une autre, entre chrétiens et musulmans, etc.). Beaucoup de métis, y compris parmi les plus célèbres (on pensera à Yannick Noah par exemple), souffrent d’une véritable tourmente identitaire. Et la douleur n’est pas mince, superficielle : ainsi les cas de dépression sérieuse ne sont pas négligeables, tout comme les sensations de vide à combler, ou, plus forte encore, la perte des repères, et ainsi l’absence de sécurité dans le vécu social et le rapport à l’autre, autre qui est généralement basé sur un schéma souvent plus simple et fatalement plus sûr et cohérent.
Dans certains cas, il s’agit de la honte d’une partie de ses origines/de ce qui constitue sa personne, variant selon le milieu ou le contexte. On pensera par exemple aux métis noirs et blancs qui se considèrent parfois plus volontiers comme héritiers de la culture noire (Noah, …) parce que le contexte y est plus propice, par opposition ou pour quelque autres raisons, ou encore qui sont considérés comme tels, avec parfois des proportions impressionnantes comme aux USA où l’on dit parfois « qu’une goutte de sang noir fait le noir », ainsi en est-il par exemple de B. Obama
Les métis sont parfois totalement incapables de répondre à la simple question « tu es de quelle origine ? » (Question qu’ils subissent d’ailleurs plus souvent que quiconque car différents de ce qui est connu et difficilement définissables), et ce n’est pas faute d’essayer tous les jours d’y répondre en eux-mêmes. Ces questionnements, même pris à la légère au départ, finissent par devenir lourds et envahissants, surtout si cette quête est vouée à l’échec.
« Je ne sais rien de 50 % de mon être. Je souffre de cette méconnaissance d’une partie de mon identité. »
« Suis-je blanche? Suis-je noire ? Suis-je française? Suis-je camerounaise ? Ma double culture est une entrave à la confiance en moi… Lorsque certaines personnes me demandent mes origines, je suis souvent très mal à l’aise, car je n’ai pas encore trouvé ma place. »
Comment doit se sentir le métis ? Est-ce qu’il doit considérer qu’il n’est ni Africain, ni Européen (par exemple pour un Européen-Africain et sachant que ça peut être beaucoup plus complexe), et donc se considérer comme quelque chose de nouveau, d’unique, prenant le risque de ne se reconnaître nulle part et de n’appartenir à aucun groupe ? Est-ce qu’il doit au contraire tenter de tout cumuler, à 200%, alors même qu’un seul être ne pourrait hériter de tout (génétiquement et culturellement), quitte à souffrir de cette difficulté intense de conciliation et du poids immense de cet héritage ? Est-ce qu’il doit sinon être tout à la fois mais donc qu’à moitié pour chaque chose, prenant le risque d’être partiel, de se sentir incomplet ? Doit-il être tout le monde et personne à la fois, être tout et rien, appartenir à chaque endroit mais être rejeté partout ..?
« Le souci c’est que maintenant très régulièrement je me fais aborder par des mecs parfois agressifs me prenant pour une personne de leur communauté (algérienne, marocaine…). Je n’ai absolument rien contre telle ou telle communauté, mais pour la première fois je souffre qu’on me prenne pour ce que je ne suis pas. »
Certains métis vont parfois, à l’inverse, jusqu’à développer une forme de supériorité parce qu’ils « contiennent plus », « sont plus de choses à la fois » que le non-métis, engendrant une forme originale et moderne de discrimination. Il faut dire qu’on les y incite quelque peu.
Un autre problème tout bête et qui apparaît parfois chez les métis : le fait de ne pas se sentir ressembler soit à ses parents soit à son enfant métis. Alors certes, tous trois se ressemblent, tous trois ont des parts de chacun, avec des pourcentages aléatoires. Mais un choc intervient pourtant tout de même, même si il est parfois très bien vécu (notamment avec un bon bagage d’amour sincère) : la maman blanche a du mal à se reconnaître dans son enfant, aux traits si Africains (par exemple), ce qui doit tout de même être une sensation étrange et de dépossession, sur le coup ou à posteriori. Dans l’autre sens, de même : l’enfant peut ne pas se sentir réellement ressembler ni à l’un ni à l’autre de ses parents, tant il est unique et ne semble plus être issue d’une filiation directe et évidente, tout ceci engendrant plus de questionnements encore pour l’enfant.
« Je ne ressemblais à personne, ni à ma mère, ni à mon père et je me sentais seule. »
Il existe aussi le problème du parent ou de la famille qui n’accepte plus ou difficilement les compromis culturels, si riches et pourtant si difficiles à maintenir, au point que de nombreuses séparations interviennent sous ces motifs (l’un des parents rentrant au pays), engendrant dépressions réelles, questionnements et incompréhensions pour l’enfant (entre autres). Tout ceci concourant aussi à l’étirement du métis entre différents pôles magnétiques.
« Quand j’ai revu mon père, il m’a expliqué que les différences culturelles entre eux, qui étaient à la base source d’enrichissement mutuel, se sont transformées parfois en injures qu’ils se lançaient à la figure avec ma mère. »
« La différence de cultures, c’est un combat de tous les jours, même si on a l’esprit large, et moi je n’avais plus envie de me battre. »
Complications religieuses
Une autre complication (parfois extrême) due au métissage : l’aspect religieux. Le métissage, surtout entre certaines religions, n’est pas facile à vivre. Quand on voit les interrogations que peuvent engendrer deux parents chrétiens mais de rite différent au sujet des enfants, on imagine bien le problème avec une religion fondamentalement différente dans son origine, dans ses bases et dans son expression. Dans le cas de l’Islam (et, plus silencieusement, du Judaïsme parfois), le métissage est difficile : très fréquemment (beaucoup plus souvent qu’on ne croit), la partie non-musulmane (pour prendre cet exemple) est poussée à la conversion, soit par sa moitié, soit, le plus souvent, par la pression de la famille musulmane. La personne concernée finit souvent par se convertir, quitte à abandonner une partie de son identité et de ce qu’elle est, ce qui est particulièrement injuste. Mais d’autres problèmes surgissent, surtout si il n’y a pas de conversion : comment choisir le baptême et la religion de l’enfant ? Faut-il le laisser choisir ? Même dans ce cas d’apparente ouverture d’esprit (liberté de choix), on transfert une souffrance à l’enfant : souvent, il ne saura pas choisir, de peur de blesser une partie ou l’autre de la famille, et s’il ne choisit pas il pourra avoir peur de vexer tout le monde ou de ne « continuer » personne. La souffrance, lorsqu’elle est là, est réelle.
« Je suis métis de mère catholique et de père musulman. J’ai toujours vécu avec l’angoisse de blesser l’un des deux par mes choix. Le problème n’est pas d’être entre deux cultures, c’est le sentiment de n’appartenir à aucune… »
L’éducation à donner aux enfants est un problème difficile et parfois insoluble pour les couples métissés. Ce n’est pas souvent aussi simple qu’entre deux pays européens ou entre deux chrétiens. Comment choisir, en effet, lorsque deux choses sont contraires, s’opposent et se confrontent ? Laisser le choix à l’enfant, outre les regrets que cela peut amener chez les parents, est parfois source de plus de difficultés encore chez l’enfant, comme on a pu le voir dans le cas des religions.
Difficultés familiales
Un autre problème encore, source de beaucoup de conflits : les relations entre les familles ou au sein de la famille. Les familles ou du moins une partie de celles-ci sont loin d’être toujours prêtes à accepter une telle différence, une telle rupture dans la continuité familiale ethnoculturelle et/ou religieuse. Et croyez-moi, les intolérants ne sont pas toujours du même côté, loin de là : en fait, différents groupes tels que les noirs, les arabes, les musulmans etc., se montrent parfois terriblement intolérants et réagissent parfois négativement, que ce soit par des sarcasmes répétés, des critiques, des clichés, voire de réels conflits. Les blancs ne sont pas les seuls intolérants et, poussés par la bien-pensance et la peur du racisme, sont même en fait souvent parmi les plus tolérants (au moins en apparence). La souffrance impactant sur l’enfant métis est pour le coup violente et partiellement incomprise, engendrant du même coup toujours plus de questionnements et de pertes de repères.
« Souvent, je m’interroge sur les petites réflexions non anodines que lancent nos familles. Ma grand-mère du coté de ma mère (guadeloupéenne) qui habitait là-bas me disait souvent : «tu es mignonne dommage que tu ne sois pas noire». Elle marquait clairement une différence entre mes cousins et moi, dès qu’une bêtise était faite, c’était ma faute. Plus grande, les choses sont devenues plus dures : j’ai entendu des commentaires racistes comme la «nègre-à-blancs» ou encore «Bounty»*. Le rejet envers moi devenait flagrant plus je grandissais. Dans les réunions familiales, ils parlaient fort en créole et riaient encore plus fort, comme par provocation, du moins c’était mon impression. Et puis il y avait les remarques permanentes contre les blancs : «Ils ne savent pas danser», «ils marchent vite, sont toujours pressés», «ils ne pensent qu’à travailler», «ils sentent mauvais». Sans oublier d’autres, plus péjoratives encore. »
* »Bounty » : « blanc dedans, noir dehors. »
L’argument du brassage génétique contre la consanguinité
Voilà l’argument type, pseudo-scientifique. Afin d’éviter la « consanguinité » au sein des peuples homogènes qui se reproduisent entre eux et seraient ainsi soumis au péril des maladies génétiques et ou/dégénératives, ainsi qu’aux décrépitudes culturelles et sociales, le remède serait d’appliquer une dose de métissage, favorisant le brassage culturel et génétique. Or… c’est faux.
Biologiquement, d’abord : la consanguinité problématique n’existe quasiment pas dans nos pays d’Europe, elle est présente ailleurs, entre autres dans de petits villages d’Afrique du nord ou au sein de très petites communautés (Samaritains,…). Il n’est de même absolument pas présent dans les pays les plus homogènes tels que l’Islande ou le Japon. La raison est simple : la population nécessaire pour éviter la consanguinité est de seulement quelques milliers (les Samaritains sont environ 700 : ici c’est trop peu). Alors des millions ou des dizaines de millions d’habitants sur un même territoire… autant dire que se poser la question de la consanguinité est une aberration en soi, et relève en fait plus de l’insulte.
Ensuite, culturellement, socialement ou économiquement c’est faux là aussi : qui ira dire que tout va mal culturellement, créativement, socialement ou économiquement au Japon ? Sans même ajouter que durant la période des Samouraïs, soit durant 7 siècles environ, le Japon s’est entièrement fermé au monde extérieur et a pourtant durant ce temps connu l’une des périodes les plus fastes pour la culture et la créativité nippone. Ou encore en Islande, pays le plus homogène d’Europe où il fait pourtant si bon vivre et où le développement humain est si élevé, selon les différents classements internationaux ? J’aurais plutôt tendance à dire, personnellement, qu’il s’agit plutôt de notre imbroglio multiculturel incontrôlé actuel qui est source d’instabilité déstructurante…
L’argument des métis « plus attirants » que les autres
Les métis plus beaux et plus attirants que les autres ? C’est un argument, purement idéologique, que l’on entend quelques fois, à côté de celui qui veut qu’ils soient aussi meilleurs que les autres du fait qu’ils sont culturellement plus riches et donc supérieurs aux non-métis (richesse en fait embarrassante comme on l’a vu précédemment). L’argument est pourtant grotesque. Dans un premier temps, il n’y a pas de raison qu’ils soient statistiquement supérieurs en terme de beauté, comme partout il y a des beaux et des laids, et cela dépend non seulement des goûts de chacun mais aussi du hasard. Et dans un deuxième temps, cet argument pourrait se retourner contre eux, selon une réflexion purement théorique mais logique : au sein de chaque groupe ethnoculturel ayant évolué isolément depuis des millénaires ou des dizaines de millénaires, les types de beauté mais aussi les goûts et les jugements ont évolué par sélection de ce qui a semblé « beau », et ainsi ce qui semble beau aujourd’hui peut être différent selon le groupe ethnoculturel. Or, un métis, qui est une création nouvelle et unique mélangeant différentes origines parfois éloignées, correspondrait en ce cas potentiellement statistiquement moins souvent à des types de beauté reconnus par des groupes précis. Ceci restant, entendons-nous bien, une idée purement théorique nécessitant une étude de mise à l’épreuve, certes, mais certainement pas pire que les « ils sont plus beaux » ou autres « ils sont supérieurs » que l’on entend de temps en temps…
Le métissage est pourtant élevé en idéal d’avenir
Non, le métissage n’engendre pas des surhommes : génétiquement, il ne s’agit pas d’une addition des qualités, mais d’un mélange où le don de chaque moitié est partiel et aléatoire. Il n’y a pas 200% d’un Homme à la sortie, et ce qui est transmis n’est pas forcément la part positive de l’un qui s’additionnerait à la part positive de l’autre.
Non, le métissage ne protège pas mieux des maladies et des dégénérescences : la consanguinité est une éventualité complètement hors de propos vis à vis des européens, et outre cela le mélange de patrimoines génétiques et immunitaires trop éloignés perd de son bonus d’action protectrice selon des études récentes.
Non, le métissage n’engendre pas forcément des gens plus beaux selon les acceptations des groupes ethniques actuels – bien que par définition plus originaux -, il y a même un risque du contraire (purement théorique).
Non, il n’engendre pas si facilement des gens plus riches culturellement, tant le bagage est lourd à porter, ou compliqué à concilier, ou encore parfois à reconnaître et à accepter.
Non, le métissage n’engendre pas forcément un bonus à une époque ou la disparition des identités est prônée de tous côtés et où le réflexe naturel des familles et des peuples est au protectionnisme.
Les gens qui prônent le métissage ou les parents qui s’apprêtent à faire un enfant métis doivent être conscients de tout cela. Ça n’est pas forcément un cadeau. Il faut être armé d’amour, d’intelligence, de conciliation, et y réfléchir à deux fois lorsque les cultures s’opposent ou sont massivement différentes, sachant que même dans le cas d’un amour idyllique cela risque d’être difficile. Il y a fréquemment un prix à payer, et ce sera soit à l’enfant soit à l’entourage de le payer.
Outre cela, on sait bien ce qu’engendrerait un métissage généralisé : une disparition par dissolution de toutes les diversités, de toutes les cultures, de toutes les ethnies, de la majorité des langues, etc. Il n’y aurait pas assez des musées pour ne garder ne serait-ce que quelques traces de l’ancienne diversité humaine…
Les « métis », un groupe ethnoculturel parmi d’autres ? Et l’avenir ?
Pourrait-il y avoir une culture et un type « métis » qui se différencierait de tout le reste ? Qui éviterait de devoir dire « un peu noir, un peu blanc » ou « 25% ceci, 50% cela et 25% d’autre chose », et permettrait ainsi d’en faire un groupe précis et particulier ? Pas réellement, car il y a trop de possibilités, et celles-ci s’additionnent partiellement au fil des générations plus vite qu’elles ne s’effacent. En incluant les différences ethniques, culturelles et religieuses et les différents pourcentages aléatoires d’héritages possibles, les possibilités sont quasi infinies, et le métis ne représenterait finalement plus qu’un groupe « d’inclassables », tous différents entre eux et n’entrant dans aucune case.
Ainsi, si nous prônions encore le métissage perpétuel et que, dans un scénario hypothétique, cela se réalisait effectivement à l’échelle globale, dans un premier temps nous ne trouverions sur Terre qu’une soupe complète de gens tellement différents entre eux que plus personne n’aurait de possibilité de s’identifier à quoi que ce soit. Dans un second temps, nous observerions à terme une homogénéisation générale du fait qu’il deviendrait impossible de déterminer qui est quoi et chacun finirait, en moyenne, à ressembler à tout le monde. Une certaine forme d’égalitarisme absolutiste, en somme, et terriblement déprimant. Tout aurait disparu sinon la soupe. Or, peu de choses naissent d’une soupe froide, du relativisme liquide et global. Les repères stables et les différences (oppositions) sont nécessaires à la créativité et à l’évolution de l’humanité, comme à un enfant pour grandir.