UNE STATUE QUI HEURTE

photo monument-maurice-duplessis

Une statue qui heurte de nombreux ex-pensionnaires d’orphelinat. La Presse

Né dans les années 50 et placé en adoption, j’ai des haut-le-cœur chaque fois que je vais à Québec et que je vois la statue de Maurice Duplessis

MARC LAMBERT, Lasalle

Je suis né dans les années 50. Comme bien des enfants « mal nés » de mon époque, ma mère n’était pas mariée et a dû se débarrasser de moi pour ne pas nuire à sa famille face aux autres habitants du village et à l’Église. J’ai donc été placé dans une crèche dès ma naissance.

Je suis l’un des chanceux, car trois semaines plus tard, je gagnais au loto-bébé. C’est au beau milieu d’une cinquantaine d’autres bébés à la crèche d’Youville que j’ai été adopté par un couple de Montréal. À cette époque, les crèches étaient pleines à craquer et les enfants de 2 ans et plus n’étaient presque jamais considérés pour l’adoption. Tous les parents voulaient adopter les enfants les plus jeunes possible.

J’ai suivi avec un immense intérêt la saga des orphelins de Duplessis, je me sentais concerné. J’ai été horrifié en constatant que ces enfants ne représentaient rien. Ni pour Maurice Duplessis ni pour l’Église, sinon beaucoup d’argent à voler au gouvernement fédéral en les plaçant dans des asiles. Les sévices, l’isolement et le manque de chaleur humaine qu’ils ont subis, m’ont troublé et perturbé. J’ai ressenti leur peine et leur souffrance au plus profond de moi, car seulement la chance m’a fait éviter ce cauchemar et je culpabilisais.

À la même époque, des cliniques privées illégales subtilisaient les enfants aux filles-mères pour les vendre aux plus offrants. Le tout au vu et au su de l’Église et de Duplessis.

Patronage et intimidation sont des mots qui reviennent sans cesse lorsqu’on parle de Duplessis. « La grande noirceur » est l’expression qui décrit ses années au pouvoir.

Chaque fois que je vais à Québec et que je vois la statue de cet homme, j’ai des haut-le-cœur. Sommes-nous tellement en manque de héros au Québec qu’on érige des statues à nos tortionnaires ?

MANQUE D’HUMANISME

Dans le discours de René Lévesque lors du dévoilement de la statue, il parle de Duplessis comme étant le premier à dire les mots « maîtres chez nous ». Malgré tout le respect que je dois à René Lévesque (il n’avait probablement pas toutes les informations qu’on a aujourd’hui), il aurait dû faire preuve de plus de prudence, comme l’avait fait Jean Lesage plusieurs années auparavant. Ce ne sont pas ces trois petits mots qui effaceront les méfaits et le manque d’humanisme de cet homme.

Si un jour, un gouvernement du Québec a assez de courage politique pour s’excuser et retirer cette statue de la circulation, j’espère qu’il aura la classe d’inviter tous les orphelins encore en vie à assister à la scène et que ces gens, bafoués par leur gouvernement, pourront enfin boucler la boucle et trouver la paix.

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11 commentaires sur « UNE STATUE QUI HEURTE »

  1. je suis solidaire avec vous , et je connais une personne qui a ete tres mal traitee, le coeur est brise le corps , et ila passe pour debile , il etait pas comme ca , il a du aller voir un medecin pour prouver avec papier et tests , heureusement il a une personne formidable dans sa vie .

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    1. On ne dénoncera pas assez cette maltraitance institutionnelle exercée au Canada, par le biais du gouvernement et du clergé. C’est une page très sombre de notre histoire. Je suis heureuse que cette personne ait enfin eu dans sa vie une personne qui a su mettre un baume sur ses souffrances et ses douleurs… merci de votre solidarité, je l’apprécie.

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  2. Duplessis, sinistre personnage de notre Histoire, bigot catholique, lécheur de bottes du Vatican et de ses suppôts, lesquels font encore les manchettes comme en Pennsylvannie, 300 prêtres accusés d’abus sexuels sur plus de 1000 enfants et la hiérarchie qui a, comme à l’habitude, toujours tout couvert. Que de mal nous a fait l’Église catholique, véritable oganisation criminelle et ses dogmes stupides, à nous qui étions les « enfants du péché ». Les Orphelins de Duplessis, honneur et respect à eux, ils ne seront bien malheureusement plus bientôt parmis nous vu leur âge mais nous nous devons de ne jamais oublier. Les adoptés aussi, 300 000 de 1930 à 1972 dont 10 000 adoptés au États-Unis, 1600 à Porto Rico, de 500 à 1000 en France, toujours dans les régions très catholiques comme la Bretagne mais aussi en Amérique du Sud au temps des dictatures en Argentine, Uruguay où les enfants blancs catholiques étaient très prisés, il y en a eu également au Vénézuela, au Mexique et en République dominicaine. N’oublions jamais nos compatriotes, nos frères et nos soeurs qui ont été envoyés vers d’autres cieux, d’autres contrées, vendus par leur propre pays. Aujourd’hui, les fruits ils sont là, dénatalité, crise des valeurs, avant il y avait trop d’enfants « du péché », maintenant, à la place, nous allons disparaitre sous les flux migratoires, on dirait un karma historique. Notre Québec, notre patrie que nous aimons tant, qui nous a laissé partir et que pourtant nous chérissons tant dans nos coeurs!

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  3. Moi aussi j’ai été très touché par votre témoignagne Manon et vous êtes ma soeur aussi, même si je ne suis pas un orphelin de Duplessis mais on a tous une part de souffrance en commun. Ce pays où nous sommes nés et qui, d’une certaine manière, nous a rejetés comme ses enfants, tous deux enfants « du péché », honnis soit qui mal y pense, on est nés de l’histoire d’amour de nos parents à une époque bientôt, on l’espère, à jamais révolue, d’une intolérance sans pareil. La couleur de la peau, le racisme, la xénophobie, même moi qui suis « blanc » j’ai aussi connu cela. Pour ma part j’ai atterri en Bretagne en janvier 1969, mes parents adoptifs en France ne pouvaient pas avoir d’enfants, après s’être soumis à des traitements de stérilité, ils se sont tournés, au bout d’une dizaine ou quinzaine d’année vers l’adoption. Ils étaient tous les deux en très mauvais termes avec leur fratrie ainsi que leurs oncles, neveux et cousins. Sans enfant, ils craignaient qu’un jour le fruit de leur travail allait immanquablement tomber entre leurs mains car, à défaut d’enfant, en France, c’est la famille proche qui hérite et ils voulaient à tout prix éviter ça donc ils se sont tournés vers l’adoption. En France cela était très difficile d’adopter un bébé ou du moins un enfant en bas âge et probablement avec du bouche à oreille ils ont appris qu’au Québec c’était nettement plus facile, environ six mois contre des années d’attente en France. En plus le côté d’adopter un « petit blanc », un enfant qui nous ressemble, en plus un cousin comme les Français se prennent à voir les Québécois. A l´époque l’adoption commençait à peine, surtout des enfants issus du Tiers-Monde, d’ailleurs à l’école j’en ai connu relativement beaucoup dans une petite ville de 20 000 habitant, Algériens, Indienne, mais aussi Palestiniens ou d’autres pays dans les années 70 avec les « boat people » en provenance du Vietnam ou du Cambodge, aussi beaucoup de Corée du Sud. Je pouvais comprendre que ces enfants en provenance de pays déforisés puissent avoir été laissés par leurs pays d’origine, ils auraient apparemment un bien meilleur sort à l’étranger. Moi, né au Canada, en Amérique, je n’arrivais pas à comprendre ce que je faisais là dans un trou perdu à l’autre bout du monde, il devait sûrement y avoir une erreur, il ne pouvait s’agir que d’une erreur. Pourquoi mon pays m’avait-il laissé? Je ne comprenais pas ce qui pour moi était inimaginable, totalement imcompréhensible. Peut-être mes parents adoptifs m’avait-ils volé, enlevé, subtilisé, après en voyant le dessin animé Rémi, ça touchait toujours des fibres en moi. Je me pris même à haïr mes parents adoptifs, pourquoi m’avaient ils emmené dans leur pays. En général c’était toujours dans l’autre sens, le rêve américain, l’eldorado, les Européens s’en allaient toujours en Amérique, jamais l’inverse, pourquoi n’avaient-ils pas émigré? Pourquoi m’amener dans leur coin perdu de pays à l’autre bout du monde? Ce même pays que mes ancêtres avaient très certainement fui. Dès les premières années de mon arrivée, cela s’est très mal passé. La « famille » a évidemment très mal pris la décision d’adopter de mes parents adoptifs, on leur a tourné le dos. Un « oncle », voisin de la maison mitoyenne, a un jour sauté sur mon père adoptif et lui a cassé le bras. Cette personne avait été désignée comme mon « parrain » sur les papiers d’adoption. Les autorités de la Crèche d’Youville ou de la Société d’Adoption et de Protection de l’Enfance poussaient le cynisme à imposer de faux parrains et marraines, des gens qui n’ont jamais été présents lors du « baptême » ni n’ont jamais mis les pieds au Québec ou au Canada. Sur la rue, ma mère adoptive ce faisait insulter par cette jolie famille: « crève avec ton canard boiteux, ton bâtard étranger! ». Avec ma grand-mère adoptive maternelle ce n’était pas beaucoup mieux, elle avait honte de se promener avec moi, pour elle je n’étais pas son petit-fils, j’étais un enfant du diable. Il faut dire que je le leur rendais bien aussi, je prenais un malin plaisir à détruire les fleurs de son jardin qu’elle donnait d’ailleurs à l’église car elle était très catholique. La dépression chez les enfants a tendance à se manifester par de l’agressivité, j’étais très agressif, destructeur, j’avais beaucoup de rage à l’intérieur, je n’arrivais pas à exprimer l’inexprimable. Je n’arrivais pas à accepter cette situation, pourquoi moi? Si ça se trouve, j’avais peut-être été enlevé, mes parents biologiques n’étaient peut-être pas au courant ou s’ils étaient morts dans un accident (thèse très populaire pour les adoptés), j’avais sûrement de la famille qui n’avait pas pu laisser faire ça, cela me paraissait tellement inconcevable, insupportable! Mon pays si riche, si développé, l’Amérique, pourquoi n’avait-il rien fait? Pourquoi avait-il autorisé mon adoption? Tellement d’interrogations! A l’école je me battais souvent, j’étais très asocial, presqu’aucun ami, juste avec mon chien ou à faire des cabanes tout seul, j’avais beaucoup de problèmes au niveau psychique. C’est normal, je n’arrivais pas à exprimer ce mal-être en moi, je ne voulais pas me résigner à cette situation inadmisible et inacceptable. Je pleurais souvent surtout la nuit, je disais tooujours que je voulais retourner dans mon pays, tout avait l’air tellement mieux là-bas, et c’était l’Amérique, les westerns à la télé me faisaient toujours rêver, je mettais tout dans le même sac. Je voyais mon pays au loin à la télé, je me souviens de la crise référendaire en 80 (évidemment je n’y comprenais rien, j’ignorais tout de la politique de mon pays, il n’y avait personne non plus pour m’apprendre mon pays et son Histoire), à l’école c’était juste la France, je me sentais comme un acculturé, sans histoire, sans passé, sans identité. Juste une date et un lieu de naissance me rattachaient à un pays, une origine, à un passé qu’on voulait me faire oublier mais que moi je voulais absolument m’approprier, me réapproprier mon histoire, mon passé. Je voyais Céline Dion, Robert Charlebois passer à Champs-Élysées, une émission populaire de variétés présentée par Michel Drucker dans les années 80, j’entendais leur accent, l’accent de mon pays que j’ai, par la suite, essayer de récupérer, eux qui se disaient très heureux d´être en France, à Paris, Moi, à l’intérieur, j’avais tellement envie de leur crier que moi, au contraire, je voudrais tellement retourner au Québéc, au Canada. Quand j’écoutais « Je reviendrai à Montréal » de Robert Charlebois, j’avais beaucoup de mal à ne pas éclater en sanglots, même aujourd’hui je l’écoute sur Youtube et je ne peux pas m’empêcher de pleurer, Montréal ma ville natale. Une autre chanson, peut-être celle à laquelle je n’identifiais le plus, c’était « Chanter pour ceux qui sont loin de chez eux » du regretté Michel Berger, cette chanson exprimait tellement ce que je ressentais: « Celui-là passe toute la nuit /A regarder les étoiles/En pensant qu’au bout du monde/
    Y a quelqu’un qui pense à lui » et j’osais penser, je voulais penser qu’à l’autre bout du monde, il y avait quelqu’un qui pensait à moi. Le refrain: « Où qu’ils aillent/Ils sont tristes à la fête/Où qu’ils aillent/
    Ils sont seuls dans leur tête ». Je me sentais vraimment comme ça, comme un éxilé. « …Je veux chanter pour ceux/Qu’on oublie peu à peu/Et qui gardent au fond d’eux/Quelque chose qui fait mal/Qui fait mal ». Dieu sait que j’avais tellement mal! « Qui a volé leur histoire/Qui a volé leur mémoire/Qui a piétiné leur vie/Comme on marche sur un miroir/Celui-là voudra des bombes/Celui-là comptera les jours/En alignant des bâtons/Comme les barreaux d’une prison ». Qui a volé mon histoire? Je sentais qu’on avait volé mon histoire, piétiné ma vie, mon passé, « comme on marche sur un miroir », brisée en mille morceaux. Justesse de ces paroles, dédiées au réfugiés mais moi je me sentais comme ça, j’avais été forcé, sans que jamais on me demande mon avis, mon consentement, à quitter mon pays. Ça avait commencé dès mon plus jeune âge je me disais et je me jurais à moi-même qu’un jour je partirais, un jour je retournerais dans mon pays. Tout ça m’a fait vivre pendant des années! Avec les années, pour tout un chacun et pour l’adopté en particulier surgit toujours la question de l’identité. Je ne me suis jamais identifier à mon nom d’adoption, c’est toujours la mort dans l »âme et à contre-coeur, qu’il fallait réagir et répondre à ce que le psychanalyste Jacques Lacan appelle ce signifiant si particulier qu’est le nom, ce nom du Père, que nous confère l’Autre. Ça ne résonnait pas en moi, le nom est tellement inscrit au plus profond de nom, un marqueur identitaire et constructeur d’identité, j’ai heureusement pu le récupérer lors de mon retour au Québec en 1990. Mon adolescence a, elle aussi, été très difficile, j’ai failli sombrer dans l’alcoolisme, j’ai commencé à fumer très jeune, je voulais, j’avais décider de mourir, j’avais l’impression d’être un fantôme, sans identité, que mon personnage, ma personne toute entière sonnait faut, je ne voulais pas vivre comme ça, plutôt la mort que cette souffrance psychique. Parce qu’évidemment au niveau matériel sans être un enfant gâté je n’étais pas non plus malheureux, l’adopté doit toujours être l’éternel reconnaissant. Même au Mouvement Retrouvailles, que je remercie au passage pour le travail admirable et l’aide précieuse qu’il nous donne, parfois des gens me disaient c’était le fruit de l’époque, heureusement que tu as été adopté au lieu de vivre en instititution ou le sort des Orphelins de Duplessis, bien sûr je n’ai pas subi leur souffance, leur martyre mais la souffrance est toujours la souffrance à de plus ou moindres degrés, la souffrance existentielle est bien réelle, elle ne disparaitra jamais, Je finissais par me dire que peut-être ils avaient raison, apparement je n’avais pas été maltraité et c’est certainement pour ça qu’on ne parlait pas des adoptés comme des victimes, pourtant nous sommes des victimes, ce qui nous est arrivé n’aurait jamais dû nous arriver dans un pays dit civilisé. Les cicatrices sont là. « Honte à nous », je ne sais pas ce que ce rapport nous apportera, des excuses publiques c’est un peu facile et largement insuffisant bien que louable, effectivement cela part d’un bon sentiment, une réconciliation avec le passé mais, sans réparations, cela reste des paroles en l’air. Comment réparer l’irréparable? L’argent ne suffirait pas, même si je recevais des milliers de dollars, cela ne parviendrait pas à effacer toute cette souffrance en dedans même après cinquante ans, presque un demi-siècle plus tard la souffrance demeure en moi.

    J’arrête là pour aujourd’hui (peut-être une suite, il y a encore beaucoup de choses à dire)

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      1. Recordar es vivir comme on dit en espagnol, se souvenir c’est (re)vivre mais pourtant cela fait du bien d’en parler avec d’autres personnes qui nous comprennent car, même si elles n’ont pas vraiment et exactement vécu la même chose(ce qui est impossible chaque sujet ressentant la souffrance différemment) mais on se comprend parce qu’on a vécu des expériences similaires, on a ressenti cette souffrance à l’intérieur, ce coeur qui semble saigner et qu’on sent se briser en mille morceaux. On ne s’en remettra jamais, il faudra vivre avec ça le restant de notre vie, on devra composer, dealer avec ça. Bien que le passé n’existe plus, il nous a cependant marqué, et, d’une certaine manière, continue à nous influencer. Lacan disait si justement; « L’histoire n’est pas le passé. L’histoire est le passé pour autant qu’il est historisé dans le présent ». Nous sommes le produit d’un discours, notre histoire, le récit de notre passé est un discours que nous nous faisons sur nous-mêmes, « the story of me » dirait l’auteur Eckhart Tolle. Il y a des choses qui nous ont fait mal et sont devenues des traumatismes, que l’on n’a pas réussi à travailler, à réélaborer, à resignifier. Tout cela s’est passé il y a très longtemps, on en a gardé, on pense en avoir gardé un souvenir, il y a certes des événements hautement traumatisants, des choses que nous considérons inacceptables, c’est surtout cela qui nous semble insupportable. La vie continue, il faut continuer à vivre, la plupart des adoptés ont choisi de tout refouler, c’est un mécanisme de défense car c’est souffrir davantage que de ne pas accepter l’inacceptable, de ne pas se résigner et moi j’ai choisi de résister, malgré tout, cette position a été mon combat de toute une vie. Merci Manon pour ce blog, de nous donner la chance de partager, de nous exprimer.

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  4. Je me suis à peine relu aussi, sous le coup de l’émotion, j’ai fait quelques fautes d’orthographe :). Vous savez Manon, j’ai été touché en lisant vos articles. Concernant le racisme et la couleur de la peau, je meure d’envie de vous faire partager un poème du grand écrivain sénégalais Léopold Sédar Senghor:

    Poème à mon frère blanc

    Cher frère blanc,
    Quand je suis né, j’étais noir,
    Quand j’ai grandi, j’étais noir,
    Quand je suis au soleil, je suis noir,
    Quand je suis malade, je suis noir,
    Quand je mourrai, je serai noir.

    Tandis que toi, homme blanc,
    Quand tu es né, tu étais rose,
    Quand tu as grandi, tu étais blanc,
    Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
    Quand tu as froid, tu es bleu,
    Quand tu as peur, tu es vert,
    Quand tu es malade, tu es jaune,
    Quand tu mourras, tu seras gris.

    Alors, de nous deux,
    Qui est l’homme de couleur ?

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