300 000 orphelins et enfants adoptés au Québec pourront savoir qui étaient leurs parents
Publié le jeudi 14 juin 2018 à 14 h 16 Radio-Canada
Les orphelins de l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe lors d’une sortie en 1956 Photo : Radio-Canada/Fonds d’archives Robert Carrière/L’Histoire des Crèches au Québec
Le gouvernement du Québec s’apprête à lever le sceau de confidentialité de 300 000 dossiers d’adoption. La loi 113, qui entre en vigueur samedi, permettra aux orphelins et aux enfants adoptés entre les années 1920 et 1970 de connaître le nom de leurs parents biologiques.
Un texte de René Saint-Louis, journaliste à l’émission Le 15-18
La divulgation se fera en deux temps. Les archives seront d’abord ouvertes pour tous les orphelins et les enfants adoptés dont les parents biologiques sont décédés depuis plus d’un an. Il s’agit, en fait, de la majorité des dossiers.
La divulgation se fera même si les parents avaient, de leur vivant, refusé une demande de retrouvailles et demandé à rester anonymes.
Ensuite, pour les dossiers où les parents sont toujours en vie, le gouvernement impose un délai de carence d’un an. Ces orphelins et ces enfants adoptés devront donc attendre le 16 juin 2019 avant de demander l’identité de leurs parents.
Pendant ce délai, les parents pourront inscrire un refus de divulgation afin d’empêcher que l’enfant qu’ils ont eu à une certaine époque puisse connaître leur identité. Ce refus sera néanmoins temporaire. Il disparaîtra à leur décès et leur identité sera alors dévoilée.
Au terme du processus, le sceau de confidentialité de l’ensemble des dossiers d’adoption aura donc été levé.
La présidente du Mouvement Retrouvailles, Caroline Fortin, ne s’attend pas à ce que de nombreux parents s’opposent à ce que leur identité soit dévoilée. Dans les autres provinces, précise-t-elle, de 4 % à 5 % des parents ont pris le temps d’inscrire un refus de divulgation.
Caroline Fortin, présidente du Mouvement Retrouvailles Photo : Radio-Canada
Caroline Fortin rappelle que le gouvernement avait, à une certaine époque, promis la confidentialité aux parents qui plaçaient leur enfant en adoption. Comme il y a eu un revirement de situation avec l’adoption de la loi 113, le gouvernement, dit-elle, voulait leur donner le temps de se manifester.
Une longue quête
Les orphelins et les enfants adoptés se sont battus pendant des années pour obtenir le droit de connaître leurs origines. Le Québec est d’ailleurs l’une des dernières provinces canadiennes à ouvrir les archives de l’adoption.
Céline La Rue cherche sa mère biologique depuis des décennies. Elle a obtenu par le passé certaines informations sur son lieu de naissance et sur l’âge qu’avait sa mère lorsqu’elle lui a donné naissance. Elle se résigne de nouveau à devoir attendre.
Moi, ma mère a 85 ou 86 ans en ce moment. Donc, les années sont très précieuses, parce qu’on sait qu’à cet âge-là, la vie peut se terminer n’importe quand.
Céline La Rue
« Donc là, je dois encore attendre un an. C’est vraiment, vraiment, vraiment triste. C’est très difficile à accepter, mais on n’a comme pas le choix d’accepter, parce qu’on demeure dans l’attente toute notre vie de toute façon », résume Mme La Rue.
Exemple de réponse qui était envoyée aux orphelins et aux enfants adoptés dans les années 80 lorsque ceux-ci demandaient à connaître l’identité de leurs parents biologiques. Photo : Radio-Canada/René Saint-Louis
Le gouvernement a mis sur pied une équipe, de même qu’une ligne téléphonique sans frais pour aider les gens dans leurs démarches. Le numéro est le 1 888 441-7889.
Le Mouvement Retrouvailles s’attend à ce qu’il y ait un délai de quelques semaines, voire quelques mois, au début du processus, en raison des nombreuses requêtes qui devront être traitées.
C’est bien que le gouvernement s’inplique pour les aider a avoir de l’aide pour leurs demarches.
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Oui, mais le Québec est je crois l’avant-dernière province du Canada a avoir levé la confidentialité. Malheureusement, il s’agit ici de parents âgés, souvent octogénaires et plus. Plusieurs sont malheureusement décédés. De plus, pour l’adopté, lui-même souvent âgé de 50-56-70 ans, si son parent n’est pas décédé, il doit encore attendre une année, et pourra refaire une demande le 16 juin 2019. C’est triste, car encore là, des adoptés et des parents décèleront dans la prochaine année. Plusieurs cherchent les morceaux de leurs casse-têtes depuis de trop nombreuses années…
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