Des enfants en quête d’identité

Au contraire du mouvement Retrouvailles, Robert Poëti s’oppose à la divulgation du nom des parents biologiques

30 novembre 2013 |Caroline Montpetit | Actualités en société

Ce texte a été modifié après sa publication.

Le député libéral Robert Poëti était déjà adulte lorsqu’il a appris, sur le lit de mort de sa mère adoptive, le nom de sa mère biologique.

L’ex-policier ne se sentait pas d’affinités particulières avec cette femme qui avait vécu longtemps aux États-Unis, loin de lui, et avec laquelle il n’avait pratiquement eu aucun contact.

Il ne cherchait d’ailleurs pas à connaître son identité. « Pour moi, on a juste une mère, on n’en a pas deux », dit-il en entrevue.

Dans les années qui ont suivi la divulgation, il s’est senti des obligations envers celle qui lui a donné le jour et qui est entrée en contact avec lui. « Il y avait toujours la fameuse journée de la fête des Mères où il fallait que je l’appelle. C’était très pénible », se souvient-il. Il s’est aussi senti tenu de lui venir en aide lorsqu’elle en a eu besoin.

L’avocat Alain Roy est pourtant catégorique : la reconnaissance de la filiation n’est assortie d’aucune obligation, même successorale.

Robert Poëti est l’une des rares voix qui s’élèvent contre les dispositions du projet de loi 47 instaurant l’obligation de dévoiler les noms des parents d’origine et des enfants adoptés.

Depuis 1983, le mouvement Retrouvailles milite pour sa part en sens inverse. « Ce sont beaucoup les enfants qui sont en demande de contact, dit Caroline Fortin, du mouvement Retrouvailles. Les enfants sont en quête d’identité. On veut savoir qui nous a mis au monde, quels sont nos antécédents médicaux. »

Un refus possible

 Si le projet de loi 47 est adopté, tous les parents ayant confié leurs enfants à l’adoption auront 18 mois pour opposer leur veto à la divulgation de leur identité, ou jusqu’à ce qu’une demande de divulgation soit présentée. À ce jour, c’était l’inverse qui se produisait. La confidentialité était maintenue à moins que le parent biologique ou l’enfant n’accepte d’être connu.

« Il y a eu 300 000 adoptions au Québec depuis 1920. C’est difficile de savoir combien ont été retrouvés et combien sont toujours vivants », dit Caroline Fortin.

Depuis 1983, 14 000 personnes se sont inscrites au mouvement Retrouvailles, et 1000 dossiers sont présentement actifs.

Selon les derniers chiffres obtenus par Caroline Fortin, 25 % des demandes de retrouvailles présentées au mouvement sont refusées par l’une des parties.

En vertu d’un nouveau projet de loi, le non-respect d’un veto de contact pourrait engendrer des amendes allant de 2500 $ jusqu’à 25 000 $.

 

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