Voici un exemple des cruels préjugés qui marquaient cette époque. Il s’agit d’une prière qui était affichée au mur de la Miséricorde et qui pendant une certaine période devait être lue à tous les jours par ces mères malmenées par le jugement social.
Comme lavage de cerveau c’est réussi! Comment garder l’estime de soi et ne pas être marquée à vie en répétant quotidiennement cette prière.
Prière de l’indigne
Seigneur, je ne suis pas digne d’être mère. J’ai contrefait et blasphémé le mariage. J’ai transgressé vos commandements. J’ai méprisé vos grâces. J’ai fait la sourde oreille à vos inspirations comme à vos conseils. Dans ma folie, je vous ai bravé, et voilà que vous m’imposez le redoutable fardeau d’une maternité.
Seigneur je suis indigne… Indigne et sans moyens, abandonnée que je suis par le père – le père sans entrailles – de mon enfant. Mon abjection et mon déshonneur m’ouvrent enfin les yeux.
Que ferai-je si vous n’avez pitié de ma double misère? Ah! Secourez-moi, Seigneur. Je sais « qu’il n’est pas bon de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens »; mais je vous répète avec la Chananéennne: «Les petits chiens mangent sous la table de leur maître les miettes que laissent tomber les enfants.» Mendiante, moi aussi, j’implore quelques-unes des grâces que vous prodiguez aux mamans selon votre cœur.
Vous fûtes si bon, si miséricordieux, si divinement humain pour les femmes repenties, pour la débauchée de Samarie, pour l’adultère de Jérusalem, pour l’impudique de Magdala. Pitié, Seigneur pour une autre pécheresse ! Pitié pour une mère indigne ! Pitié surtout pour un pauvre petit enfant ! Laissez-le venir à vous et laissez que je l’accompagne.
* * *
Faites, je vous en supplie, Seigneur, au nom de Marie, votre mère et la mienne, que malgré l’inconduite de ses parents, notre enfant soit de bonne conformation, attrayant et sain, qu’il soit de bon naturel, intelligent, docile et courageux, qu’il vous aime et que jamais il n’ait le malheur de vous offenser gravement comme nous avons fait.
Je supplie votre Majesté de l’admettre à la vie nouvelle du saint Baptême et à l’incorporation de la sainte Église ;
Je supplie votre Providence de lui préparer, parmi les miens ou parmi les étrangers, de charitables parents adoptifs ;
Et surtout, je supplie votre Miséricorde de l’enlever tout jeune de la terre, s’il doit porter en lui le triste héritage des passions qui nous ont perdus.
Réparez, Dieu tout-puissant, les conséquences de nos erreurs.
Pitié pour l’innocente victime de si tristes péchés !
J’accepte de souffrir, j’accepte de mourir pour que mon enfant soit marqué du sceau indélébile des enfants de Dieu.
Autant qu’il est en mon pouvoir, je voue et consacre de tout mon cœur « à l’amour de votre service et au service de votre amour » le fruit d’un amour qui méritait votre haine.
* * *
Gardez-moi constante, malgré ma légèreté, mes sentiments de mère;
Gardez-moi, pour ma pénitence, mes inquiétudes, mes angoisses maternelles et le souvenir de ma déchéance;
Gardez-moi, pour ma purification, l’attachement aux sacrifices généreusement acceptés et plus amoureusement recherchés;
Gardez-moi, pour ma réhabilitation, la vue continuelle de mes responsabilités cachées;
Gardez-moi, pour ma persévérance, le dégoût des personnes, des lieux et des choses de perdition;
Gardez-moi, pour ma sanctification et celle de mon enfant, la fidélité dans l’intercession et l’assiduité aux sacrements régénérateurs.
Mettez dans mon cœur, le trésor de la reconnaissance pour tous ceux qui m’ont secourue, éclairée, sanctifiée.
Et préservez-moi à jamais, préservez aussi, je vous en conjure, Seigneur, tous ceux que j’aime, des égarements qui aboutissent au déshonneur et au péché.
Quant à moi, pour mes infidélités passées, pardon, Seigneur ! Pour mes complicités, pour mes scandales, pour mes mauvais exemples, pour le tort causé à tous les membres de ma famille, pour les larmes de ma mère, pour l’intime chagrin de mon père, pour la contristation de votre Cœur adorable, pardon, Seigneur, mille fois pardon !
Ô Vierge Marie, soyez touchée de ma profonde misère et, par votre si puissante médiation, obtenez, pour la mère indigne, pour le père égoïste et pour leur malheureux enfant, la miraculeuse, la transformante bénédiction de votre adorable Fils, Jésus-Christ, Notre-Seigneur. Ainsi-soit-il.
Source : Germain, Mgr Victorien (directeur du Service des Adoptions à la Crèche de Québec). 1943. Les Chroniques de la Crèche : contes, plaidoyers et nouvelles. « Prière de l’indigne ». Québec, p.65-66
Quelle abomination, ne nous demandons pas pourquoi le peuple ne veut plus rien savoir de la religion
J’aimeJ’aime
Oui en effet, on le comprend très bien avec de tels faits… incroyable, mais vrai hélas.
J’aimeJ’aime