Chaque année aux États-Unis, 25 000 enfants sont abandonnés par leur famille adoptive. Il existe le système du « rehoming », qui permet de confier à d’autres les enfants jugés trop difficiles à élever. Des enfants donnés, par petites annonces, comme on se débarrasse d’un objet ou d’un animal domestique devenu trop encombrant.
Ce terrifiant « marché de l’enfant d’occasion » prend différentes formes, toutes inconcevables. Le reportage s’ouvre sur une sorte de « défilé de mode » organisé par une agence de « rehoming ». Timides, de jeunes ados à la démarche un peu gauche, avancent en espérant se faire remarquer et retrouver un foyer. Dans la salle, de futurs parents potentiels consultent des enfants sur catalogue. La procédure coûte environ 5000 euros. La nouvelle famille doit obtenir un agrément pour obtenir la garde provisoire de l’enfant, avant la validation de la réadoption par un juge.
Un « marché noir » sur Internet
Mais face à cette procédure longue et coûteuse, beaucoup se tournent vers un marché parallèle, via un système de petites annonces sur Internet. La famille transfère alors provisoirement la garde de l’enfant en signant un simple document. C’est ce qu’a vécu Nita, lorsqu’elle avait 14 ans. Sept mois à peine après son adoption en Haïti, ses parents, qui n’arrivent pas à faire face à cette ado perturbée et agitée, la confient à des inconnus. Au bout d’un mois, cette nouvelle famille procède à un vote pour déterminer si elle doit rester ou partir… Ici, la réadoption n’étant pas officielle, le douloureux processus peut se répéter à l’infini. En tout, Nita sera « donnée » cinq fois par sa famille. « J’avais peur, je ne savais pas avec qui j’allais habiter, ni dans quelle ville, j’étais envoyée comme ça, à n’importe qui, comme on envoie un colis par la poste. »
Une aubaine pour les prédateurs sexuels
La dernière fois, la jeune fille s’est retrouvée dans une famille qui avait déjà adopté plusieurs enfants, dont quatre filles. Toutes étaient abusées sexuellement par leur « père ». L’homme a fini par être condamné à de la prison à vie pour viol. D’autres enfants ont ainsi été confiés à des pédophiles, aucune vérification n’étant effectuée sur le profil des « adoptants ».
Nita, 19 ans, a été « donnée » 5 fois. Elle témoigne dans le documentaire Etats-Unis, enfants jetables, diffusé le 12 avril sur France 5. Aujourd’hui, le premier père adoptif de Nita regrette et tente de justifier l’injustifiable. Les autres enfants de la famille « ne se sentaient pas à l’aise avec elle, mon ex-femme était stressée et se bagarrait souvent avec elle. Il fallait que quelque chose change, ou toute la maison allait s’écrouler ».
Faire le deuil des parents précédents
Certains parents ne mesurent pas les difficultés d’une adoption et encore moins celles liées à une réadoption. Faire le deuil des parents précédents est « crucial », souligne Debbie Riley, thérapeute et directrice d’un centre d’aide privé aux parents adoptifs, le seul dans le pays. « Comment faire confiance à votre nouvelle maman quand l’autre vous a mis de côté? ». D’autant plus qu’aux Etats-Unis, les services sociaux n’assurent pas le suivi des enfants adoptés. Il en est de même au Canada.
https://www.facebook.com/ninoireniblanche/ Ma page Facebook